Pierre Ménoret est une figure assez exceptionnelle dans un art où paradent volontiers les fausses valeurs, quand elles sont portées au premier plan par des puissances dont le premier souci n'est pas de reconnaître les talents indiscutables.
C'est un auteur-compositeur-interprète comme il y en a seulement quelques-uns, c'est à dire une sorte d'athlète complet dans une spécialité où trois personnes se partagent la tâche de création. Encore faut-il, pour que l'ensemble vaille, que le parolier soit poète, le musicien inspiré et le chanteur doué d'une voix à la mesure du texte et de la musique. Que manque l'un des trois éléments et l'on tombe invariablement dans la banale médiocrité. La chanson est un phénomène artistique qui ne souffre pas d'insuffisances, si elle veut produire son plein effet.
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Avec Pierre Ménoret, le spectateur-auditeur ne court aucun risque d'insatisfaction. Ses thèmes, il les choisit - vaut-il mieux dire qu'ils le choisissent? - de telle sorte que les paysages et le pays, la mer et le vent, l'enchantement du monde en Bretagne, s'allient à ses propres images intérieures pour séduire quiconque est sensible aux grandes interrogations du destin de l'homme. La musique qu'il invente pour se traduire, on dirait bien qu'elle naît avec les mots et les phrases. Enfin sa voix, belle et chaude, avec seulement la gravité qu'il faut pour émouvoir sans vains excès ni fracas, est servie par une gestuelle, une tenue de scène réglée au plus juste par le comédien et le réalisateur radio qu'il fut.
Voilà bien des atouts qui devraient lui faire trouver plus souvent et plus largement le public qu'il mérite au-delà de celui qu'il a déjà et qui s'étonne à juste titre, que ses apparitions soient si rares.
Écoutez Pierre Ménoret et allez le voir. Vous le devez à lui et à vous-mêmes.